Les difficultés après les expériences d’éveil : une étape souvent nécessaire

Vivre une ou plusieurs expériences d’éveil spirituel peut être bouleversant, magnifique, transformateur. On se sent alors connecté à quelque chose de bien plus grand, plus vrai, plus vivant. Pourtant, une fois ces instants passés, une phase de souffrance peut apparaître. Et souvent, cette période peut être longue, intense, déroutante.

Cela a été mon cas. Et d’après de nombreux témoignages que j’ai rencontrés au fil du temps, cela a été fréquent. Loin de l’image de l’illumination directe et instantanée. Beaucoup, après avoir goûté à l’unité, traversent une période de confusion ou de douleur. Pourquoi ?

L’éveil, ce n’est que le début

Avec le recul, je comprends aujourd’hui que ces difficultés sont non seulement normales, mais aussi nécessaires (en tout cas pour mon cas). Les premières expériences d’éveil ont été comme une ouverture, une invitation à découvrir notre véritable nature. Elles nous montrent ce que nous sommes au-delà du mental, au-delà des croyances.

Mais cette montée vers le divin n’est que la première étape. Ensuite vient le retour dans le corps, dans la matière, dans la vie quotidienne. C’est là que commence l’intégration. Et c’est là, souvent, que la souffrance se manifeste.

Le choc de l’intégration

Depuis notre enfance, nous construisons un "personnage" – une identité mentale faite de croyances, de peurs, de jugements, de conditionnements. Ce personnage, aussi appelé "ego", n’est qu’une illusion… mais une illusion très convaincante et tenace. Nous en avons fait notre réalité.

Lorsque l’éveil survient, il ébranle cette construction. Il met en lumière le décalage entre ce que nous croyions être et ce que nous sommes profondément. Et cela peut être vécu comme un tsunami intérieur, ou toutes nos vérités s’effondrent. Ce décalage peut être douloureux, car il implique de déconstruire, couche après couche, tout ce qui ne nous appartient pas vraiment, mais que nous avons cru être.

Un processus de libération

Ce chemin de déconstruction n’est pas une punition, mais un processus de libération. Ce que nous traversons n’est pas là pour nous faire souffrir, mais pour révéler les résistances subsistantes en nous, dans le corps et le mental. Croyances limitantes, blessures non guéries, peurs enfouies… tout cela remonte pour être vu, accueilli, et enfin relâché.

Alors si vous êtes dans cette phase, si la distance entre les états de grâce que vous avez vécus et les difficultés actuelles vous semble immense ou injuste, ne perdez pas courage. C’est une phase commune avant la libération et vous vivez ce qui vous permettra de le découvrir et de le vivre pleinement.

Accueillir, ressentir, libérer

Observez ce qui se passe en vous. Ne rejetez rien. Accueillez les émotions, les tensions, les nœuds, même cette boule au ventre qui semble parfois si envahissante. Restez avec tout cela, simplement, sans jugement, dans la pleine présence du ressenti.

Nous avons souvent tendance à fuir ces sensations inconfortables, à vouloir les éviter, les contrôler, ou les faire taire. Mais en réalité, c’est cette fuite qui les maintient figées dans le corps. Les ressentir pleinement, sans résistance, en les laissant vivre et partir, suffit à les libérer.

Et puis, un jour, sans prévenir, quelque chose lâche. Une paix profonde s’installe, naturellement. L’illusion du personnage – ce moi construit, ce filtre mental entre nous et le réel – cesse d’interférer. Il n’y a plus de distance entre notre être et ce qui Est. C’est la vie elle-même qui circule à nouveau librement, sans entrave, sans conditionnement à travers nous.

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